Les constructeurs automobiles, gros investisseurs dans la région, sont les plus touchés.
En Argentine, les leaders du marché, Renault et PSA Peugeot Citroën, ont réduit production et effectifs depuis la crise en 2001. Les ventes de Renault ont chuté de 40 % au premier semestre 2002. Son usine de Cordoba a fermé pendant quatre mois cette année et 720 ouvriers resteront au chômage technique au moins jusqu'en février 2003.
Quant à PSA, ses ventes ont chuté de 47 % en Argentine au premier semestre. Depuis mai 2001, les effectifs ont été réduits de 36 % et l'usine de Buenos Aires alterne fermeture et réouverture depuis décembre 2001.
Pour autant, les Français ne renoncent pas à leur implantation. "L'Argentine a été très rémunératrice pour Renault, je pense qu'elle le sera de nouveau", espère le directeur commercial, François Hinfray.
Au Brésil, Fiat a reconnu cette semaine que ses ventes étaient "pénalisées par la durable et désormais préoccupante situation économique" du pays. Le groupe italien, avec 26 % du marché, table sur une baisse des commandes en 2002. En Argentine, le groupe a réduit la voilure, avec une seule usine tournant au minimum et dont la quasi-totalité de la production est exportée.
Volkswagen est aussi meurtri par la crise, surtout au Brésil, où il est l'un des leaders du marché. Pour 2002, le géant allemand a révisé à la baisse ses objectifs de résultat et de ventes.
Son concurrent DaimlerChrysler souffre également de la déprime brésilienne. "Le Brésil était encore stable jusqu'en mai, mais ces deux derniers mois, le marché a replongé en raison des incertitudes politiques", avoue Eckhard Cordes, dirigeant de la division véhicules utilitaires du groupe.
Dans l'agro-alimentaire, Danone a accusé une perte exceptionnelle de 1,031 milliard d'euros au premier semestre, due, en partie, aux "amortissements des survaleurs en Amérique Latine", "compte tenu des incertitudes de la situation économique et politique", selon Emmanuel Faber, directeur des finances du groupe.
Dans la grande distribution, Carrefour, qui possède près de 200 magasins au Brésil et plus de 150 en Argentine, assure s'être "adapté à la crise". Avec Casino et Auchan, les distributeurs français, très implantés en Argentine, ont été les principales cibles des pillages de la faim survenus dans le pays fin 2001.
Le secteur financier européen est aussi victime de la crise régionale mais "il n'y a pas de gros établissement bancaire ou d'assurance européen fortement exposé au risque en Amérique Latine", tempère Nathalie Peleras, analyste chez Richelieu Finance.
Les banques françaises se refusent à commenter leur exposition en Amérique du Sud, "à la veille de la présentation de résultats semestriels".
Le néerlandais ABN-Amro est cependant cité par les experts en raison de son fort engagement au Brésil.
En Espagne, la première banque du pays, Santander Central Hispano (SCH), qui contrôle la troisième banque brésilienne, Banespa, estime que l'économie de ce pays n'est pas "contaminée" par la crise argentine.
Chez HSBC, premier groupe bancaire britannique, bien implanté au Brésil et en Argentine, on indique que "l'on ne va pas quelque part pour se retirer dès que la situation se détériore".
Dans les télécoms, Telefonica, premier groupe espagnol du secteur, a enregistré une baisse de 23,3 % de son chiffre d'affaires en Amérique latine au premier semestre. Le groupe a investi 25 milliards de dollars au Brésil, son plus gros engagement en Amérique du Sud. |